CAUSERIE

LI

Vous êtes un beau ciel d’automne, clair et rose !

Mais la tristesse en moi monte comme la mer,

Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose

Le souvenir cuisant de son limon amer.


— Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ;

Ce qu’elle cherche, amie, est un lieu saccagé

Par la griffe et la dent féroce de la femme.

Ne cherchez plus mon cœur ; des monstres l’ont mangé.


Mon cœur est un palais flétri par la cohue ;

On s’y soûle, on s’y tue, on s’y prend aux cheveux.

— Un parfum nage autour de votre gorge nue !


Ô Beauté, dur fléau des âmes ! tu le veux !

Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes,

Calcine ces lambeaux qu’ont épargnés les bêtes !

CAUSERIE

LV

Vous êtes un beau ciel d’automne, clair et rose !

Mais la tristesse en moi monte comme la mer,

Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose

Le souvenir cuisant de son limon amer.


— Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ;

Ce qu’elle cherche, amie, est un lieu saccagé

Par la griffe et la dent féroce de la femme.

Ne cherchez plus mon cœur ; les bêtes l’ont mangé.


Mon cœur est un palais flétri par la cohue ;

On s’y soûle, on s’y tue, on s’y prend aux cheveux !

— Un parfum nage autour de votre gorge nue !


Ô Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux !

Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes,

Calcine ces lambeaux qu’ont épargnés les bêtes !