CIEL BROUILLÉ

XLVI

On dirait ton regard d’une vapeur couvert ;

Ton œil mystérieux, — est-il bleu, gris ou vert ?

Alternativement tendre, doux et cruel,

Réfléchit l’indolence et la pâleur du ciel.


Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,

Qui font se fondre en pleurs les cœurs ensorcelés,

Quand, agités d’un mal inconnu qui les tord,

Les nerfs trop éveillés raillent l’esprit qui dort.


Tu ressembles parfois à ces beaux horizons

Qu’allument les soleils des brumeuses saisons ;

Comme tu resplendis, paysage mouillé

Qu’enflamment les rayons tombant d’un ciel brouillé !


Ô femme dangereuse ! ô séduisants climats !

Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,

Et saurai-je tirer de l’implacable hiver

Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?

CIEL BROUILLÉ

L

On dirait ton regard d’une vapeur couvert ;

Ton œil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?)

Alternativement tendre, rêveur, cruel

Réfléchit l’indolence et la pâleur du ciel.


Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,

Qui font se fondre en pleurs les cœurs ensorcelés,

Quand, agités d’un mal inconnu qui les tord,

Les nerfs trop éveillés raillent l’esprit qui dort.


Tu ressembles parfois à ces beaux horizons

Qu’allument les soleils des brumeuses saisons

Comme tu resplendis, paysage mouillé

Qu’enflamment les rayons tombant d’un ciel brouillé !


Ô femme dangereuse, ô séduisants climats !

Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,

Et saurai-je tirer de l’implacable hiver

Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?