XXXV

Je te donne ces vers afin que, si mon nom

Aborde heureusement aux époques lointaines,

Et, navire poussé par un grand aquilon,

Fait travailler un soir les cervelles humaines,


Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,

Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon,

Et par un fraternel et mystique chaînon

Reste comme pendue à mes rimes hautaines ;


Être maudit à qui de l’abîme profond,

Jusqu’au plus haut du ciel rien, hors moi, ne répond ;

— Ô toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,


Foules d’un pied léger et d’un regard serein

Les stupides mortels qui t’ont jugée amère,

Statue aux yeux de jais, grand ange au front d’airain !

XXXIX

Je te donne ces vers afin que si mon nom

Aborde heureusement aux époques lointaines,

Et fait rêver un soir les cervelles humaines,

Vaisseau favorisé par un grand aquilon,


Ta mémoire, pareille aux fables incertaines,

Fatigue le lecteur ainsi qu’un tympanon,

Et par un fraternel et mystique chaînon

Reste comme pendue à mes rimes hautaines ;


Être maudit à qui, de l’abîme profond

Jusqu’au plus haut du ciel, rien, hors moi, ne répond !

— Ô toi qui, comme une ombre à la trace éphémère,


Foules d’un pied léger et d’un regard serein

Les stupides mortels qui t’ont jugée amère,

Statue aux yeux de jais, grand ange au front d’airain !